160 millions de Chinois, et moi, et moi, et moi.

« J’y pense et puis j’oublie » nous chantait Dutronc. Pourtant la Chine est en train de s’imposer comme une superpuissance digitale. C’est ce que nous rappelait, le 9 février dernier, l’Atelier BNP-Paribas en présentant un état de l’art de l’e-commerce en Chine. Si vous n’avez pas eu l’occasion de vous déplacer dans leurs locaux de la rue Bergère, le Lab vous propose un résumé de cette conférence.

Shanghai on the Bund par Dan.. http://www.flickr.com/photos/dnevill/2566460446/in/photostream/

Depuis 30 ans l’Atelier s’est spécialisé en veille technologique et en prestations de conseil. En 2007 cette filiale du groupe BNP-Paribas a eu la bonne idée d’ouvrir un bureau à Shanghai. Une démarche pertinente au vue du dynamisme du marché chinois. Celui-ci regrouperait, pour l’année 2010, 460 millions d’internautes, soit un taux de pénétration d’environ 35% de la population. Un chiffre encore bien en deçà de ceux des Etats-Unis (≈65%) ou de l’Europe (≈60%). Un peu moins d’un quart des habitants de l’Empire du milieu seraient des mobinautes (300 millions). Des chiffres que nous relativiserons compte tenu des incertitudes qui pèse sur la démographie du pays et de l’optimisme qui peut caractériser la source – gouvernementale – d’un tableau plutôt flatteur.

Nous vous laissons apprécier les taux de croissance donnés par l’Atelier :

 

 

 

Et l’e-commerce dans tous ça ? D’après l’Atelier, les tendances qui se distinguent dans les usages des internautes sont :

  • Le shopping en ligne, la banque en ligne et les paiements en ligne pour leur fort taux de croissance annuel
  • Les achats groupés et le microblogging qui ont véritablement émergé en 2010

A l’exception du microblogging, l’internet chinois se développe donc essentiellement autour du e-commerce aujourd’hui. Celui-ci compterait 160 millions de clients, soit un peu plus d’un tiers des internautes chinois ou un bon 10ème de la population, et ce chiffre devrait bondir de 53% d’ici à 2013 ! Le gâteau du e-commerce chinois représente aujourd’hui 55,9 milliards d’euros et devrait bondir à 165,2 milliards en 2013. La Chine représentera alors le premier marché e-commerce dans le monde.

Le marché du e-commerce chinois est aujourd’hui tiré par l’offre. Il reste très difficile de se faire une idée de ce que représente la demande réelle. Cette dernière reste largement insatisfaite, en témoigne cette expérience menée récemment par Taobao qui a concédé 50% de rabais sur des grandes marques, tel Adidas, à l’occasion de la « fête des célibataires », l’équivalent de nos Catherinettes. 21 millions d’acheteurs se sont rués sur cet e-commerçant, pour un chiffre d’affaire avoisinant les 100 millions d’euros en une journée ! Ce 11 novembre la logistique de l’Empire du Milieu n’a pas pu suivre. Si cela fait beaucoup d’hommes et de femmes célibataires, cela témoigne aussi du potentiel impressionnant de la demande locale…

L’ « e-shopping » représente aujourd’hui 1,9% du total du commerce de détail et devrait entrer, d’ici un ou deux ans, dans une phase de transition –entre 4 et 9% – qui verra la grande distribution basculer à son tour sur internet. A lui seul, Taobao, qui écrase la concurrence, représente 1,4% de ce commerce de détail.

Des freins au développement du e-commerce

La logistique, insuffisamment développée, constitue un véritable frein structurel à la croissance du e-commerce. Alibaba cherche ainsi à lever 4,5 milliards de dollars pour investir dans de nouveaux standards ; 360 Buy a créé il y a quelques années le plus grand centre logistique d’Asie près de Pékin ; enfin la poste Chinoise, plus grand opérateur de logistique e-commerce en Chine, cherche à créer une nouvelle plateforme en joint venture avec Tom.com. Vancl ne veut rien de moins que tripler ses entrepôts d’ici la fin de l’année.

Enfin autre point d’achoppement pour les e-commerçants, le très fort taux d’appel. L’Atelier évoquait oralement l’ordre de grandeur de 80% des ventes conclues par chat. Ce phénomène s’explique par un traditionnel manque de confiance entre clients et vendeurs, habitués à faire connaissance avant de marchander les prix.

Article initialement publié sur lab.vente-privee.com .

Passionné d'innovation, ex Natixis, Groupe La Poste et Lab vente-privee.com. Le Phare Digital est un blog personnel, mes opinions n'engagent bien évidemment que moi.

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