Web Summit 2015 : tendances et start-up de la French Tech

Imaginez : vous entrez dans une boutique de bonbons, 700 différents chaque jour, beaucoup sont sans saveur, certains sont délicieux, quelques-uns exceptionnels, mais vous n’avez que 8h pour en goûter un maximum… Et ce pendant 3 jours. C’est le Web Summit de Dublin et ses 2 162 startups qui exposent sur des stands moins larges qu’une cabine d’essayage.

L’édition 2015 du Web Summit s’est achevée il y a 1 mois à Dublin. Je ne connais pas d’autres événements rassemblant autant de start-up françaises. Elles étaient 144 officiellement exposantes et remarquablement épaulées par l’initiative gouvernementale « French Tech ».

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Que retenir ? Tout d’abord quelques tendances, indépendamment de la qualité des start-up qui s’y rattachent.

Slack comme  plateforme de distribution de services

L’outil de collaboration professionnelle Slack deviendrait-il la nouvelle plateforme de distribution de services BtoB ? La startup Birdly, un de mes coups de cœur, développe ainsi des robots Slack qui vont automatiser ou simplifier les taches et applications professionnelles.

Son premier robot gère les notes de frais. Vous photographiez vos factures et les envoyez au robot Slack qui se charge de reconnaitre les champs importants (nature de la dépense, TVA, montant) et remplit un tableur Google. Le second robot imaginé par Birdly analyse et enregistre les cartes de visite au format électronique. Birdly envisage également de lancer un robot assistant personnel (sur le modèle de Julie Desk ?) ainsi qu’un  robot de traduction. Il est intéressant de souligner que Birdly réalise là un « pivot » : la start-up distribuait initialement son service de gestion des notes de frais via l’App Store d’Apple…

Slack comme plateforme de distribution ? Une tendance confirmée par ma discussion avec Apidaze. Spécialisée dans l’ajout de briques télécom aux services professionnels (téléphone, répondeur, serveur interactif), la start-up me citait en exemple l’association d’une ligne téléphonique à une team Slack.

Algorithmes : le retour du prédictif

Les algorithmes prédictifs étaient bien représentés à Dublin avec deux startups aux équipes impressionnantes : DreamQuark et son armée de PhD, Shift Technology et ses brillants polytechniciens.

Commençons par mon coup de cœur, Shift Technology. Son algorithme facilite la détection de la fraude pour les secteurs de l’assurance (fausse déclaration) et de la banque (blanchiment, assurance-crédit, risk management). L’algorithme analyse a posteriori les données de l’entreprise pour détecter la fraude en recoupant les noms, adresses, numéros de cartes… Mais aussi en analysant les réseaux d’influence entre individus. Il en ressort une probabilité de fraude.

Plus difficile à appréhender mais non moins passionnante, DreamQuark utilise son algorithme de deep learning maison (prédictif, diagnostique et analytique) pour des applications dans la santé et l’assurance. La start-up se concentre sur l’imagerie et les données structurées. Son algorithme est ainsi capable de détecter les risques de cécité chez les diabétiques, en analysant les fonds d’œil réalisés à partir d’une simple caméra montée sur smartphone.

OBD : connecter les véhicules

Le port OBD est une prise, installée sur tous les véhicules construits depuis le années 2000, située généralement sous le volant. Les garagistes l’utilisent pour diagnostiquer les pannes. Elle permet notamment d’avoir accès aux données temps réel des calculateurs de bords. Différentes start-up ont eu la même idée : exploiter ces données. Mais pour quoi faire ? Pour vous assister dans votre conduite et en réduire le coût d’usage (Oocar) ; pour sécuriser le véhicule en contrôlant son verrouillage, l’extinction des phares, sa position GPS et ses mouvements ; pour protéger les passagers en cas d’accident avec l’appel des secours (Xee, Awaken).

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La tendance était déjà surreprésentée en 2014. Manquait cette année les applications du port OBD dans le secteur de l’assurance (modulation des tarifs ou des franchises en fonction du style de conduite).

La cartographie en temps réel

Le discours de deux startups, Lightstream et Ranger Analytics, m’a interpellé. Google Maps ne serait pas adapté à la visualisation de données produites en temps réel. Un exemple de visualisation donné par Lighstream pour les tweets sur Coca Cola.

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Géolocalisation : vers le indoor

La startup Triber propose de retrouver ses amis dans les événements extérieurs, comme les festivals. On envoie une notification à l’intéressé. S’il l’accepte, on peut alors le retrouver avec deux informations : la direction à suivre et la distance à parcourir. Cette « boussole » ne fonctionne qu’en extérieur car elle est basée sur la puce GPS. Mais Triber envisage à l’avenir de la géolocalisation dans les bâtiments en se repérant à l’aide des signaux Wifi, Bluetooth ou tout simplement des champs magnétiques présents dans les immeubles.

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Contexeo s’en tient aux bons vieux QR codes ou aux Beacons pour se repérer dans les bâtiments. Un système de guidage est en préparation, les cartes se visualisent pour le moment  « à plat » et sans mode « hors connexion ». Il est possible de faire remonter des informations au gestionnaire de site (ex. : panne d’ascenseur) et d’activer un mode « évacuation » pour visualiser les sorties de secours.

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Et d’autres start-up

En dehors de ces tendances, quelles start-up ont attiré mon attention ?

Weceipt est une plateforme de dématérialisation des tickets de caisse permettant:

– côté particulier de retrouver l’ensemble de ses tickets de caisse sur le site Weceipt.

– côté marchand de les personnaliser (retour d’expérience, jeu, promotion)

Weceipt s’intègre dans les logiciels de caisse type Cegid. La startup se rémunère au résultat sur les campagnes réalisées via ses tickets.

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Emojam est un clavier de substitution pour iOS et Android, permettant d’envoyer des émoticônes musicales. Le destinataire n’a pas besoin de l’application pour lire les sons,  mais il est poussé à la télécharger pour répondre et pour faciliter leur lecture.

La startup a deux sources de revenus :

– les majors et les régies peuvent faire de la promotion sur l’application.

– l’application génère, dans 4% des cas, l’achat de musique. Emojam se rémunère alors en prenant une commission d’affiliation.

Emojam comptait 1500 utilisateurs après 6 semaines de lancement.

Triber permet de créer une application regroupant l’ensemble des interactions sociales d’un individu sur les réseaux sociaux. Il est possible d’interagir (like, retweet…) directement depuis l’application. Un chat est inclus, une messagerie privée est disponible en option.

Triber cible avant tout les influenceurs et les personnalités. 8 l’utilisent déjà, la startup s’est lancée en juillet.

L’application ainsi générée n’est pas disponible sur les app stores, pour le faire il faudra s’acquitter de 30$/mois. Les plus gros influenceurs, eux, ne payent pas pour distribuer leur app perso : Triber préfère monétiser l’audience en partage de revenu à 50/50.

Globshop est une plateforme permettant d’acheter un produit à l’étranger par l’intermédiaire d’un voyageur. Globshop s’assure de la légalité des produits demandés sur sa plateforme et indique les franchises de douane. Le voyageur-transporteur perçoit 6 à 25 euros par voyage, la plateforme 3 à 5 euros.

Aujourd’hui 2000 utilisateurs (voyageurs ou acheteurs) sont inscrits. Sur 1000 demandes, seulement 10% ont donné lieu à une transaction. Il s’agit essentiellement de nourriture (41%), de high tech (28%) ou de produits de beauté (12%).

Shoprunback est un logisticien spécialisé dans les retours e-commerce transfrontaliers. Shoprunback fournit aux commerçants une adresse physique locale dans les 14 pays qu’il couvre. Le commerçant fournit cette adresse à son client désireux de renvoyer un produit.

Shoprunback teste à Paris le retour des marchandises sur le modèle de la startup américaine Shyp : un coursier vient directement au domicile du particulier chercher la marchandise à renvoyer.

Idosens fabrique des objets connectés pour les lieux sans Wifi, tels les résidences secondaires. L’objet communique en LoRa avec une base située dans la maison (portée de 3km en rase campagne, au-delà de 7 étages pour un immeuble). La base communique avec votre smartphone via une carte GSM prépayée.

Le premier objet connecté vendu par Idosens détecte la température, la luminosité et les intrusions. Cerise sur le gâteau il utilise un écran e-paper (donc basse consommation).

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Frizbiz est une plateforme de « jobbing » : on peut y trouver des petits services contre rémunération : bricolage, services à la personne, cours… Frizbiz se distingue de ses (nombreux) concurrents par sa maturité. La start-up a levé des fonds auprès de Leroy Merlin, qui propose directement Frizbiz à ses clients. Un grand groupe envisage d’utiliser les « jobbers » Frizbiz pour installer des objets connectés directement chez les particuliers.

Frizbiz compte 65 000 jobbers pour 35 000 clients. Après la France, Frizbiz compte se déployer en Espagne, en Italie et en Ukraine.

Passionné d'innovation, ex Natixis, Groupe La Poste et Lab vente-privee.com. Le Phare Digital est un blog personnel, mes opinions n'engagent bien évidemment que moi.

Suivre @fgueno sur Twitter.

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