Bankin’ : quand la « Big Data » révolutionnera le marketing des marques et des distributeurs

Nos relevés de compte bancaire sont encore largement sous exploités. Pourtant, les intitulés de nos opérations par carte recèlent de précieuses informations sur nos postes de dépenses et nos habitudes d’achat. Correctement mises en valeur, ces données peuvent nous aider à optimiser notre consommation, pour faire, par exemple, d’avantage d’économies. Mais il s’agit également d’une formidable manne pour les directions marketing et commerciale des marques et des distributeurs.

L’application Bankin’

 

De l’ordinateur personnel au potentiel de la Big Data

Les logiciels de gestion des finances personnelles ne sont pas nouveaux. Dès 1991 Microsoft sortait « Money ». Mais ce qui a changé c’est que nous sommes désormais passés à l’aire du « Cloud » et de la « Big Data » : ces données sont centralisées, traitables à grande échelle et peuvent donc être potentiellement recoupées.

En matière de marketing et de ciblage, c’est une petite révolution qui s’annonce. Par exemple nous pourrions découvrir que les clients des Galeries Lafayette à Montparnasse fréquentent massivement le supermarché Casino rue de Vaugirard. Le Casino pourrait ainsi décider d’organiser des promotions ciblées pour les clients des Galeries. Les marques et les annonceurs pourraient également connaitre les paniers moyens par point de vente physique ou virtuel, en déduire les catégories socio-professionnelles des clients, etc… Je laisse libre cours à votre imagination, n’hésitez pas à faire part de vos idées en commentaire !

Ce potentiel, un acteur comme Mint fut l’un des tous premiers à le pressentir dès 2006. Mint propose à l’internaute nord-américain de récupérer automatiquement ses relevés bancaires pour lui fournir une analyse détaillée de toutes ses dépenses ainsi que des conseils de gestion. Le service est gratuit pour les internautes. Comment la startup se rémunère-t-elle ? En proposant des offres cohérentes avec le profil de ses utilisateurs : un taux d’intérêt avantageux pour un prêt étudiant par exemple. Mint joue alors le rôle d’affilié pour une banque et récupère sa commission.

 

Bankin’ : un « personal finance manager » français

De la même façon que Mint, Bankin’ se propose de récupérer automatiquement les données bancaires des internautes français pour leur fournir une analyse de leurs postes de dépenses.

Bankin’ a choisi de lancer son service d’abord sous la forme d’une application pour smartphone iOS ou Android. Le mobile leur semblait l’interface la plus naturelle pour consulter ses comptes, d’un coup d’œil, en tout lieu. Une version web devrait bientôt faire son apparition.

L’application peut se synchroniser avec une ou plusieurs banques. L’utilisateur rentre ses identifiants une fois pour toute, Bankin’ actualise ensuite les données automatiquement tous les matins. Les connexions aux banques sont fournies par un consortium bancaire, Bankin’ a ainsi accès à un nombre important d’établissements français mais aussi européens. En France seuls le Crédit du Nord, la Bred, le Crédit Mutuel Bretagne et les banques en ligne ne sont pas encore pris en compte.

Accueil de Bankin’

L’onglet « Mes comptes » propose ainsi l’accès à l’ensemble de ses relevés, en un seul point, avec des soldes actualisés. L’historique est illimité : si vous utilisez Bankin’ depuis 2 ans vous aurez ainsi 2 ans d’archives.

L’onglet catégorie classe automatiquement vos différentes transactions par postes de dépenses (Bankin’ catégorise plus de 90% d’entre elles). Sinon la transaction ressort comme étant à catégoriser, le choix de l’internaute bénéficiera à tout le monde.

Des graphiques permettent de visualiser tout cela de manière synthétique.

L’onglet balance vous indique notamment si votre rapport revenu/dépense vous permet d’épargner suffisamment.

Il est possible de paramétrer des alertes qui préviennent l’utilisateur quand un compte est à découvert ou que des transactions suspectes sont détectées.

Enfin l’internaute peut souscrire aux fonctions premium : export Excel, actualisation prioritaire des données (certaines banques sont plus lentes au rafraichissement) et annotation des transactions. Il lui en coûtera 2€99/mois ou 19€99/an. Un mois de premium est offert pour chaque parrainage à utiliser Bankin’.

Pour une démo complète je vous invite à voir cette vidéo en plein écran :


Bankin’ Video Demo 2 par Labecommerce

 

Atteindre une masse critique d’utilisateurs pour monétiser la base

L’équipe de Bankin’ procède par étape pour lancer son offre : il s’agit d’abord d’atteindre une masse critique d’utilisateurs, attractive aux yeux des entreprises. Pour cela l’offre doit être disponible pour toutes les banques, sur tout type d’appareil et avec une bonne qualité de service. Cette base sera monétisée dans un second temps, mais attention, pas n’importe comment. Bankin’ ne revendra jamais ces informations à des tiers. La startup se contentera de mettre en relation des utilisateurs avec des commerçants pertinents. La vision globale qu’a Bankin’ sur l’épargne d’un utilisateur lui permettra de lui proposer des produits bancaires pertinents. On peut également imaginer qu’une marque débauche un client à la concurrence en proposant une réduction ciblée (par exemple qu’un Franprix propose une réduction sur ses produits frais aux clients de Picard). Bankin’ se rémunèrera donc en connectant sa base d’utilisateurs avec les produits les plus intéressants pour chacun de leurs postes de dépenses.

Bankin’ devrait ainsi proposer des produits financiers courant 2012. Ensuite les recommandations seront déclinées par secteur : télécom, énergie, etc… Les e-commerçants devraient être concernés progressivement. A partir de 2013 ?

 

Et la sécurité ?

D’après Joan Burkovic, co-fondateur de Bankin’, les internautes ne rechignent pas à confier l’accès à leurs données bancaires. Lancée en octobre, la startup a même dû faire face à un afflux de dizaines de milliers d’utilisateurs lors de sa sortie de bêta. Bankin’ a aujourd’hui dépassé les 120 000 téléchargements sur iPhone.

Les données sont gérées dans le Cloud d’Amazon avec des systèmes de sécurité « à la pointe » ( Amazon répond aux normes du Payment Card Industry, Bankin’ réalise des audits de sécurité, les connexions sont chiffrées…). L’équipe de Bankin’ est consciente qu’elle ne peut se permettre un seul faux pas de ce point de vue. Le système est conçu pour que même si quelqu’un parvenait un jour à voler des données, il ne puisse relier une transaction à un individu. De plus Bankin’ ne demande ni nom, ni prénom lors de l’inscription.

 

Conclusion

Vous l’aurez compris, Bankin’ cherche aujourd’hui à se faire connaitre auprès des commerçants. Ceux-ci représentent une cible importante dans leur business model, Bankin’ souhaiterait développer des offres qui répondent à leurs besoins. C’est d’ailleurs l’un des problèmes récurrent de la Big Data : on est conscient de la valeur potentiel de l’information, encore faut-il trouver comment bien l’exploiter.

Bankin’ serait très complémentaire de Skerou auquel nous avons consacré un article la semaine dernière. D’ailleurs les deux startups sont issues du même « Camping ». Skerou présente une granularité plus fine puisque cette startup propose de connaitre le détail des achats, mais cela nécessite de photographier systématiquement ses tickets de caisse.

Un dernier mot pour les investisseurs qui nous lisent : Bankin’ est en recherche de fonds, n’hésitez pas à les contacter !

Article initialement publié sur lab.vente-privee.com .

Passionné d'innovation, ex Natixis, Groupe La Poste et Lab vente-privee.com. Le Phare Digital est un blog personnel, mes opinions n'engagent bien évidemment que moi.

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