Ils font bouger l’e-commerce #2 – Cavissima

Pour étancher sa soif en ce mois d’août, quoi de mieux qu’un article sur le vin ? Si sa vente en ligne ne constitue pas une nouveauté, la location du bout de cave qui va avec l’est assurément. Ajoutez à cela l’ancien sommelier de chez Paul Bocuse pour vous conseiller dans la gestion de votre cave, vous obtenez Cavissima. Voilà l’exemple parfait d’un e-marchand qui renouvelle le concept hyper concurrentiel de la vente de vin à distance– pas moins de 400 acteurs rien que sur le web – en lui adjoignant des services innovants. Le Lab a interrogé Thierry Goddet, son fondateur.

J’ai vu Thierry Goddet pour la première fois lors de la Startup Academy 2011 dont Cavissima venait de recevoir le « Coup de cœur ». Le profil des participants est souvent le même : un groupe de jeunes tout droit sortis d’école – en général un ingénieur et un commercial – avec ce mélange de naïveté, de candeur et d’ambition au fond des yeux. Le fondateur de Cavissima a une démarche plus mûre, plus réfléchie. Il fait partie de ces entrepreneurs qui, après plus de 20 ans passés dans le monde de l’entreprise, décident de se lancer à leur compte. Thierry Goddet est un réaliste, il a le calme et l’assurance de ces chefs d’entreprise qui ont patiemment pensé et travaillé leur business model.

Parc de Versailles, Bassin de Bacchus, Balthazar et Gaspard Marsy, (1672–75) 05

 

Sommaire

Pitch

En pratique

Business model et vision : du vin plaisir au vin placement

Pour conclure

 

Pitch

Thierry Goddet a passé une partie de sa carrière professionnelle à l’étranger, des années pendant lesquelles il aurait aimé pouvoir se constituer une cave de garde et retrouver ainsi ses racines hexagonales. De ce regret est né Cavissima. On ne dispose bien souvent ni des conditions idéales pour garder ses crus, ni du savoir-faire nécessaire pour constituer sa cave, l’entretenir et surtout déguster ses bouteilles à temps : ne pas le faire trop tôt, ne pas les laisser mourir, tout est question d’équilibre…

Cavissima permet d’abord à l’internaute de constituer sa cave avec les conseils d’un sommelier. Les vins vendus sur le site ont été sélectionnés par ses soins et la durée optimale de vieillissement est systématiquement indiquée pour chaque bouteille. Une fois achetée, celle-ci est ensuite conservée dans le chai de stockage de Cavissima, en Bourgogne. Le client suit l’état de sa cave sur le site et peut à tout moment décider de se faire livrer ses bouteilles à domicile.

 

En pratique

Le sommelier n’est autre que John Euvrard, celui de Paul Bocuse de 1993 à 2008, Meilleur Ouvrier de France en 2007. L’interface d’achat est un trésor d’informations. Les fiches produits sont tellement détaillées que je n’exclus pas de voir le site détourné de sa fonction de vente initiale pour se transformer en guide de dégustation. Le potentiel participatif est là : bonne intégration de Facebook (Open Graph + Like + page Fan éditorialisée) et surtout possibilité donnée aux visiteurs de noter les vins. Seule petite critique, ces informations gagneraient à être mieux mises en valeur (les onglets les plus pertinents nécessitent parfois de scroller à droite, c’est dommage). Cerise sur le gâteau le site publie parfois des vidéos de dégustation. En voici un exemple :

Nous n’avons pas eu l’occasion de tester la gestion de la cave au quotidien mais voici 3 captures d’écran plutôt prometteuses.

La cave virtuelle permet de visualiser ses bouteilles et leur degré de maturité :

Il est possible de connaitre la valeur de sa cave ainsi que le crédit restant sur son compte (portefeuille).

Un prévisionnel de consommation vous permettra de consommer vos bouteilles à maturité :

 

Business model et vision : du vin plaisir au vin placement

3 grands types de formules sont proposés pour constituer votre cave:

  • L’achat libre de bouteilles.
  • L’abonnement à partir de 50 euros/mois. Le client peut laisser à Cavissima le soin de remplir automatiquement sa cave.
  • L’achat de crédit à partir de 400 euros.

Des formules cadeaux (mariage, anniversaire…) sont également en cours de préparation.

La conservation est facturée en plus :

  • Entre 10 et 14 centimes /bouteille/mois.
  • Entre 14 et 20 centimes /magnum/mois.

Enfin la livraison de base vous coûtera 16€ + 0,70€ par bouteille / 1,40€ par magnum + 1% de la valeur estimée (assurance ad valorem). La température des camions est bien sûr contrôlée pour ne pas stresser vos bouteilles  😉 …

Thierry Goddet nous a précisé que 90% des revenus de Cavissima proviennent de clients qui choisissent l’abonnement. Le taux d’attrition serait assez faible, moins de 5% au bout de 18 mois d’exploitation.

En une période où l’or et l’argent sont au plus haut, comment ne pas voir dans les caves de Cavissima une façon de diversifier ses placements ? Thierry Goddet l’a bien compris et compte proposer en 2012 une place de marché permettant de revendre ces vins en ligne.

Nous avons posé à Thierry Goddet notre question récurrente : comment compte-t-il changer le monde (celui du e-commerce et celui de tous les jours) ? « Vous ne pouvez pas faire du discount sur les foulards Hermès» nous répond-il. Il en est de même pour le vin selon lui. Puisque il ne peut sacrifier le prix de ses bouteilles, Cavissima se différencie en proposant aux consommateurs de réaliser des économies sur la conservation et la gestion de ce patrimoine. Celui-ci peut être aussi bien perçu comme un investissement gustatif que comme un placement financier.

Pour conclure

La véritable innovation de Cavissima est de réunir des solutions existantes (achat de vin, location de cave, gestion logiciel des bouteilles) au sein d’une offre unique, particulièrement adaptée à internet. Sachez que la startup reste ouverte aux propositions de financement, avis aux investisseurs !

Mention légale : rappelons que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé et qu’il convient de le consommer avec modération.

Article initialement publié sur lab.vente-privee.com .

Passionné d'innovation, ex Natixis, Groupe La Poste et Lab vente-privee.com. Le Phare Digital est un blog personnel, mes opinions n'engagent bien évidemment que moi.

Suivre @fgueno sur Twitter.

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