13 mars 2012
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Par
François Guéno/
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- Actualités, m-commerce
Nous en avons tous rêvé : trouver ce costume, ce tailleur ou ce jouet en consultant sa disponibilité en magasin. Les deux startups que nous vous présentons aujourd’hui ont comme point commun de mettre en ligne l’état des stocks de vos boutiques de proximité. Et pas n’importe lesquelles : Berenice, Antik Batik ou encore Etam. Business modèle, cibles, roadmap : si tout semble les opposer dans leur stratégie de développement, nous pouvons parier que ces activités vont rapidement converger. Démonstration.
Le pitch
SoCloz propose de consulter en ligne le catalogue d’enseignes physiques telles que Berenice, The Kooples , Yves Rocher, les Galeries Lafayette, Etam, Conforama, le BHV, Darty ou encore Boulanger. Vous pouvez ainsi trouver un article spécifique parmi plus de 700 000 produits référencés à proximité de chez vous ou encore flâner dans le catalogue des 6 000 magasins de ses 55 enseignes partenaires. L’état des stocks est précisé lorsque celui-ci est connu par l’enseigne. Affichant l’ensemble des informations utiles sur une boutique (horaires, téléphone, localisation, promotions), SoCloz est défini par ses fondateurs comme un outil de pré-shopping permettant de repérer ses envies autour de soi.
Lancé il y a tout juste 15 jours, WeAreTheShops a choisi de se concentrer uniquement sur les magasins de prêt à porter moyen et haut de gamme. Antik Batik, Curling, Virginie Castaway, Valentine Gauthier, Lynn Adler ou encore Ekjo font partie de leurs références. Voilà un positionnement qui devrait lui garantir un bon bouche à oreille du côté des magazines de mode. Proposant comme son homologue d’effectuer des recherches par produit ou par boutique, WeAreTheShops se distingue en ajoutant une fonction de réservation des produits, sans obligation d’achat. Comme SoCloz, ses fondateurs définissent le service comme un outil de pré-shopping. 29 marques sont aujourd’hui présentes sur sa plateforme.
Les priorités de développement de ces deux solutions n’ont donc pas tout à fait été les mêmes. Existe-t-il une masse critique pour ce genre d’activité ? Chez SoCloz on ne cache pas que l’enjeu a été d’acquérir un maximum de marques. La fonction de réservation viendra plus tard. En interrogeant WeAreTheShops, nous avons eu l’impression que l’équipe avait cherché à sortir d’emblée un produit fini, du moins fonctionnellement. Mais cela ne risque-t-il pas de ralentir la startup dans son développement ?
Par ailleurs SoCloz est disponible en marque blanche, permettant ainsi aux marques d’intégrer directement sur leur site la recherche des produits présents dans leurs magasins ou bien un bouton de consultation des stocks sur leurs fiches produit. Ce module est absent chez WeAreTheShops et n’est prévu qu’à « moyen terme ».
ROPO
WeAreTheShops et SoCloz jouent à fond sur le désormais célèbre effet « ROPO » pour « Research Online, Purchase OffLine ». Très difficile à quantifier, le report de trafic d’internet vers les magasins physiques répond au besoin légitime de pouvoir toucher l’objet, l’essayer… et l’obtenir immédiatement. Mais au-delà d’un simple report de trafic, nous sommes de plus en plus nombreux à nous renseigner en ligne avant l’achat, à comparer prix et disponibilité depuis notre domicile ou notre smartphone. L’ultime frontière entre e-commerce et magasins est sans cesse repoussée pour aboutir à une expérience d’achat mixte, mêlant astucieusement online et offline, un commerce « connecté », tout simplement.
WeAreTheShops et SoCloz présentent ainsi des interfaces de recherche locale très similaires. Pour une recherche par produit, les résultats sont retournés sous la forme de traditionnelles facettes. Si l’on retrouve des champs de filtrage communs (disponibilité, type de produit, prix, marque) WeAreTheShops est un peu plus complet en présentant d’emblée la couleur et la taille des vêtements, les horaires d’ouverture des magasins, la disponibilité d’avis sur les produits et la localisation des boutiques sur une carte. Autant d’informations également disponibles sur le site de SoCloz mais pour lesquelles il vous faudra consulter individuellement les résultats de recherche, c’est-à-dire aller creuser dans l’arborescence.
Du côté de fiches produit, WeAreTheShops a une petite longueur d’avance en matière de photo avec un zoom produit plus convaincant.
Mais qui dit ROPO dit aussi mobile. Chez WeAreTheShops on prévoit une version optimisée pour smartphone d’ici 2 mois, elle ne devrait pas tarder non plus chez chez SoCloz.
La réservation en pratique
Jérémie Herscovic, fondateur de SoCloz et ancien consultant retail, nous a longuement expliqué les difficultés techniques de la réservation. En effet la plus part des ERP utilisés par les boutiques pour la gestion de leurs stocks et leur réassort ne se synchronisent pas en temps réel. En d’autres termes, ils renvoient généralement une photo de l’état des stocks qui peut, par exemple, dater de 30 minutes ou 24h. Ainsi chaque réservation doit être approuvée côté marchand. De plus le produit doit être mis de côté, une opération dite de « picking » qui n’est pas anodine en termes de main d’œuvre. D’après Jérémie, tous les distributeurs ne seraient pas prêts à faire du « picking » pour des raisons de coûts. On comprend aisément le problème dans le cas d’une Fnac ou d’un Darty, c’est sans doute moins le cas pour les petites enseignes de quartier, habituées à mettre des produits de côté sur simple coup de fil.
Aujourd’hui environ 25% des enseignes de SoCloz n’ont pas de vision centralisée de leur stock. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, il s’agit essentiellement de très grosses enseignes pour lesquelles la modernisation d’un ERP est beaucoup plus délicate que pour des petits acteurs. D’ici 6 mois SoCloz devrait être capable d’interroger à distance la moitié de ces enseignes sur l’état de leur stock, en faisant fi de leur système d’information.
WeAreTheShops nous a montré le back office côté marchand, une simple interface accessible avec une connexion internet. Lorsqu’un client réserve, la boutique doit effectivement confirmer la disponibilité du produit et le mettre de côté. Une confirmation envoyée par SMS. Il n’y a ainsi aucun risque de déception une fois arrivé en boutique. Et que faire si un internaute abuse de la fonction de réservation ? Un système de « crédits » limite le nombre maximal de défections. Une fois épuisé, l’internaute devra contacter WeAreTheShops pour débloquer son compte.
Business modèle
WeAreTheShops se rémunère à la performance, sauf pour les petits commerçants indépendants pour lesquels la startup se contente d’un fixe. Nous n’avons pas pu en savoir plus sur leur tarification (les startups sont parfois très secrètes…).
Chez SoCloz, le modèle économique est basé sur la data. Gratuit pour les enseignes comme pour les consommateurs, SoCloz se rémunère en donnant accès à ses données catalogue à d’autres magasins en ligne ou comparateurs. Jérémie Herscovic a préféré ce modèle à celui d’une rémunération à la performance qui, selon lui, pose un problème de traçabilité. Aucune des solutions existantes pour comptabiliser les internautes se rendant en magasin physique (coupon de réduction, réservation de produit, check-in sur smartphone…) ne lui convenait.
Et Google ? Sa fonction de Local Shopping ne risque-t-elle pas de faire de l’ombre à ces deux acteurs ? D’après Jérémie, Google les aide à évangéliser le marché. Il se voit comme un complément, une alternative plus flexible aussi : Google demande aux enseignes de s’adapter à son format, SoCloz s’adapte à l’enseigne.
Sous le capot
Ces solutions sont-elles difficiles à installer ? D’après WeAreTheShops, il leur faudrait grand maximum 2 heures de travail pour se brancher sur un marchand. Une demi-journée annoncée du côté de SoCloz. Il semble que la disponibilité des visuels ne soit pas un problème, du moins dans le prêt à porter. Mais que faire si la marque ne dispose pas de photos ? SoCloz développe en ce moment un outil dans ce sens.
Conclusion
Même si elle fait partie de ses priorités de développement, il manque encore à SoCloz la fonction de réservation de son concurrent. Il manque à WeAreTheShops une déclinaison de son offre en marque blanche pour les sites des marques. Pourquoi une offre en marque blanche ? Parce qu’elle permettra de conquérir les marques de luxe qui, à la différence d’un Bérénice et d’un Antik Batik, n’accepteront jamais de se mélanger sur un même site. On imagine difficilement du Dior et du Chanel cohabiter avec du prêt à porter de milieu de gamme sur un même site.
Pour WeAreTheShops, le prêt à porter n’est qu’un début. On devine aisément que ses fondateurs rajouteront bientôt d’autres catégories de produits. Alors SoCloz et WeAreTheShops seront véritablement sur un même marché, avec des offres similaires. Lequel des deux business modèles s’avèrera-t-il le plus pertinent ?
Photo de couverture : capture d’écran du site SoCloz, Données cartographiques ©2012 Google.
Article initialement publié sur lab.vente-privee.com .
Passionné d'innovation, ex Natixis, Groupe La Poste et Lab vente-privee.com. Le Phare Digital est un blog personnel, mes opinions n'engagent bien évidemment que moi.
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